• "Max resta longtemps sous l'eau fraîche de la douche, le visage offert au jet d'eau. Depuis quelques jours, une étrange langueur s'était emparée de lui. Le corps lesté de plomb, le cerveau amorphe, il n'avait plus de goût à rien, mais il refusait de s'apitoyer sur lui-même. Ne pas penser à Xénia ! s'ordonna-t-il avec une pointe de colère. Surtout ne pas penser à elle ni à son désarroi lorsqu'elle lui avait fait comprendre qu'elle ne pouvait pas vivre avec lui. Ne pas chercher à comprendre les complexités d'une femme qui lui procurait à la fois la plus puissante des émotions et le chagrin le plus intense. Je dois apprendre à ma guérir d'elle, songea-t-il, le cœur serré. D'une manière ou dune autre. Sinon, je n'y survivrai pas."

    La louve blanche, Teresa Révay


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  • "- Je ne peux pas faire cela à Gabriel, dit-elle, la gorge sèche.

    - Mais à moi, tu peux le faire ! s'enflamma-t-il. Que t'ai-je fait pour mériter pareille punition ? A part t'aimer, que t'ai-je fait, bon Dieu ?

    D'un seul coup, elle eut les larmes aux yeux. Une lame de douleur la traversa, si poignante et imprévue qu'elle en eut le souffle coupé.

    - Je ne sais pas, Max, je ne sais pas... Je ne peux pas tout quitter sur un coup de tête.

    - parce que tu appelles ça un coup de tête, répéta-t-il d'un air abasourdi, avant de la contempler un long moment, les lèvres blêmes, et elle voyait à son visage tourmenté qu'il était partagé entre la colère et la douleur.

    Elle rageait de le faire souffrir, de ne pas trouver les mots, mais elle était prise au piège. Une nouvelle fois. Pourquoi Max la poussait-il toujours dans ses retranchements ? D'om lui venait ce sentiment d'être constamment au bord d'un précipice avec lui ? Et pourquoi ne pouvait-elle pas se passer ce cet homme ?

    Quand il se mit à parler, sa voix n'était plus qu'un murmure rauque.

    - Il ne faudra pas m'en vouloir, Xénia, mais je ne sais pas si j'aurais la force de t'attendre toute une vie.

    Il prit son feutre posé sur la banquette, repoussa sa chaise. Elle se pencha brusquement en avant et lui saisit le poignet.

    - J'ai besoin de toi, lâcha-t-elle d'une voix blanche.

    C'était sa manière à elle de lui dire qu'elle l'aimait, mais après quelques secondes, Max l'obligea à desserrer son étreinte.

    - Tu parlais de foi à l'instant. Peut-être dois-tu la trouver ? Mais tu devras le faire toute seule. Je ne peux plus rien pour toi."

    La louve blanche, Teresa Révay

     


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  • "- J'ai besoin de toi, murmura-t-elle.

    Ils étaient assis dans un café parisien, penchés au-dessus d'une petite table branlante, leurs jambes pressées l'une contre l'autre, comme si leurs corps avaient besoin d'être rassurés par la présence de l'autre. [...]

    - J'en suis flatté. Je croyais que tu n'avais besoin de personne.

    - Qui peut prétendre cela ? Ce serait faire preuve d'un orgueil insensé.

    - Pourtant, il y a des gens ont tu sembles avoir davantage besoin que d'autres, fit Max d'un ton amer.

    Il marqua une pause et détourna les yeux. D'un seul coup, il se sentait irritable. Il serait bientôt temps pour Xénia de rejoindre son mari. [...] Max avait appris à détester ces ruptures à répétition, autant de petites déchirures quotidiennes, quand il ne lui restait plus qu'à attendre le lendemain en espérant que rien ne viendrait contrarier leurs plans, ni une fièvre subite de l'enfant ni un déjeuner impromptu avec le mari. L'amour adultère est une histoire à éclipses. Parcellaire. Qui se réduit à des éclats de verre aux aspérités tranchantes. Il y en a toujours un qui attend l'autre, les mains vides et le cœur serré, comme sur un quai de gare désert. Quelque chose en lui se révolta et il eut un goût d'amertume dans la bouche. Il était tellement plus exigeant que Xénia. D'elle, il voulait non seulement se ferveur, mais ses jours et ses nuits. Chacun de ses instants. Des souvenirs communs, des complicités, des silences où l'on écoute le temps qui passe et qui nourrissent un amour, lui permettent de grandir et de prospérer. D'elle, il voulait aussi des enfants.

    - Pourquoi lui et pas moi, Xénia ? demanda-t-il d'un ton mordant. Qu'avait-il de plus à t'offrir ? T'aimait-il mieux que moi ?

    - Ce n'est pas toi qui était en cause, mais moi, dit-elle avec un soupir. J'étais encore si jeune. Tu étais si intense, si enthousiaste. Persuadé que tout cela était bien pour nous. A croire que tu pouvais aimer pour deux. Et tu en aurais probablement eu la force. Tout ce que tu touchais se transformait en or. C'était trop beau pour être vrai. Alors que moi, j'étais farouche. Méfiante. D'une certaine façon, peut-être avais-je peur de te perdre ? (Elle eut un mouvement d'épaules.) Il faut croire que j'ai manqué de foi.

    - Et aujourd'hui, Xénia, comment peux-tu te contenter de si peu ? Tu fais l'amour avec moi, mais tu partages ta vie avec un autre. Tu ne l'aimes pas, c'est évident. Sinon, tu ne viendrais pas me retrouver tous les jours depuis des mois ? A mes côtés, tu vis, Xénia. Tu le sais, n'est-ce pas ? Je te connais par cœur. Je le devine à ta démarche, à ton regard, à tes gestes. Si cet homme t'aime, il s'en est sûrement aperçu, lui aussi. Qu'y a-t-il vraiment entre nous ? De la sympathie, de la reconnaissance ? Mais ça ne veut rien dire. c'est petit. Médiocre. Comment peux-tu accepter de vivre un mensonge quotidien ? Et pendant combien de mois, d'années penses-tu continuer cette mascarade ? Jusqu'à ce qu'on soit vieux tous les trois ? Et si je te disais de le quitter, de venir vivre à Berlin et de m'épouser ? Que dirais-tu ? Aurais-tu soi-disant moins peur aujourd'hui ? conclut-il d'un ton presque dédaigneux.

    [...] Xénia le trouva tellement beau qu'elle eut mal."

    La louve blanche, Teresa Révay


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  • "Ils leur avait suffi de tendre la main et de mêler leurs doigts sans dire un mot, ce premier soir de leurs retrouvailles, dans le bar feutré d'un grand hôtel parisien. Il leur avait suffi de retrouver la peau de l'autre, d'effleurer l'intérieur d'un poignet où les veines dessinent un entrelacs bleuté, pour comprendre que cette attirance emportait leurs peurs et leurs orgueils, que rien ne résiste qu'à l'exigence de la passion. Xénia et Max s'étaient aimés ce soir-là, tout simplement parce qu'ils avaient eu envie l'un de l'autre, et qu'ils avaient été trop intègres pour le nier. Ils avaient fait l'amour avec une joie profonde, un enthousiasme mutin, tandis que les vitres de la chambre de Max tremblaient encore sous les clameurs de la rue. Ils s'étaient enivrés de ce vertige qui n'appartenait qu'à eux. Xénia avait tressailli lorsque Max avait caressé le ventre qui avait porté leur enfant, mais elle avait banni cette pensée de son esprit. Pour l'instant, il ne devait y avoir que ce corps à corps, avec tout l'égoïsme que se doivent deux être qui s'aiment. Max était un homme libre, Xénia, était devenue ce soir-là une épouse infidèle, mais leurs existences s'étaient révélées dans leur entière plénitude, le temps d'une heure dérobée à leur quotidien, le temps de s'aimer.

    Au fils de mois, Xénia était revenue vers lui, bien sûr. Encore et toujours. L'ivresse des sens est une drogue comme une autre. Irrésistible. Un étourdissement qui ignore les interdits et fouette le sang. Max et Xénia n'avaient aucun doute à ce sujet : la seule vérité était celle qui les unissait, en dépit des autres et du choix que Xénia avait fait quelques années auparavant. Leur amour était illicite, mais légitime."

    La louve blanche, Teresa Révay


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  • "Ce sont des artistes qui n'ont aucun préjugé. Qui regardent le monde et racontent une vérité universelle. Au-delà de ce qu'ils fixent sur leur pellicule, ils parlent de l'âme humaine. Et l'âme n'est ni juive ni aryenne, ni masculine ni féminine. Elle est, tout simplement."

    La louve blanche, Teresa Révay


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